La réussite d'une prise de vue ne saurait se réduire à la seule qualité des matériels utilisés quand bien même ils permettent de produire une image sur un dispositif photosensible.

L'appareil photographique se tient là, entre une idée et sa réalisation. Je le conçois comme un instrument de création, un boîtier sophistiqué dont l'image naissante produit des variations affectives comme la joie, la mélancolie, l'harmonie, la stupéfaction, l'enchantement, la curiosité et bien d'autres encore. Le cliché ne peut laisser personne indifférent.

Pour y parvenir, je cherche à photographier ce que je ressens bien plus que ce que je vois. A cet effet, j'éveille mes sens en regardant, en touchant, en observant et en écoutant. La photographie devient alors une capacité d'expression, certes silencieuse, du lien que je décide de créer avec le sujet photographié.

Elle requiert une préparation minutieuse visant à déterminer les conditions de prise de vue et à anticiper les contraintes techniques pour me permettre d'être plus réactif et laisser libre cours à l'inspiration. Cette démarche exige également de la patience car, comme l'écrivait le poète Clément Marot, "tout vient à point à qui sait attendre". Cette patience, accompagnée d'un zeste d'opiniâtreté, irrigue en permanence ma pratique photographique.